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l’éloignait en cette circonstance par un exil déguisé, parce qu’alors la Régence, a-t-on dit, avait la pensée d’une transaction avec Joseph Bonaparte, et que Xavier Caro s’y opposait fortement. Quoi qu’il en soit, ce délégué reçut des plaintes contre Juan Sanches, des accusations relatives à ses rapports avec Christophe, et ceux qu’il entretint avec le capitaine-général ne purent que se ressentir d’une juste méfiance.

En effet, peu avant son arrivée à Santo-Domingo, une mission, présidée par le général Jacques Simon, y était venue de la part de Christophe qui, après avoir vaincu le Môle, avait repris le fil de ses négociations avec Juan Sanches. Jacques Simon lui avait apporté un costume complet de lieutenant-général, de riches armes, et lui garantissait le commandement de la partie de l’Est et le secours de forces pour se maintenir indépendant de l’Espagne. Afin d’intéresser les habitans à ce projet, Christophe offrait encore (selon l’opinion commune dans l’Est), d’obtenir des Anglais, qu’ils y introduisissent des milliers d’Africains pour cultiver leurs terres, selon le système établi dans le Nord ; c’est-à-dire, par la contrainte ou l’esclavage déguisé[1].

    porté la Régence à nommer archevêque du diocèse, le curé Pedro Valéra, natif de cette ville, qui fut le premier indigène appelé à cette haute dignité ; il en fit nommer d’autres, chanoines de la cathédrale : tels furent les prêtres Aybar, Thomas Correa, Correa y Cidron, Romualdo de Fromesta, et Thomas de Portez, actuellement archevêque. À son arrivée à Santo-Domingo, Xavier Caro fit publier, le 16 novembre 1810, une cédule de la Régence qui statuait sur toutes les parties du service public dans l’Est, d’une manière avantageuse pour ses habitans, sur les biens, le clergé, etc. L’ancienne Université de Santo-Domingo, qui avait produit des hommes remarquables par leur instruction variée, fut alors rétablie. Tous ces bienfaits furent sollicités de la Régence par Xavier Caro qui avait un attachement réel pour son pays natal.

  1. On pourrait révoquer en doute une telle proposition, à cause de l’abolition de la traite, en 1807, par la Grande-Bretagne ; mais il se peut que Christophe l’ait faite, pour capter les propriétaires. D’ailleurs, en 1820, il négociait avec sir Home Popham, pour l’introduction dans le Nord de 40 mille Africains qui lui auraient été fournis de la capture des navires négriers.