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Pétion n’avait goûté son plan, et Borgella prit congé de lui. En sortant de sa demeure, il dit à un officier qui était avec lui : « Vous avez entendu ce que m’a dit le général Rigaud, il semble avoir approuvé mes observations ; mais tenez pour certain que M. Blanchet lui fera faire une folie[1]. » Elle eut lieu, et Borgella y fut entraîné. On saura ses motifs.

Informé de cette trame coupable, Pétion envoya l’ordre à Rigaud de faire revenir à leur cantonnement, le général Métellus et son détachement des 21e et 24e demi-brigades. Le 21 septembre, Rigaud lui écrivit qu’il était encore obligé de les garder par rapport aux insurgés mais de nouveaux ordres du président les firent revenir dans l’Ouest. Métellus était un général trop important, pour qu’il le laissât plus longtemps sous l’influence pernicieuse d’une conspiration pareille.

Par cette même lettre et par une autre du 8 octobre, Rigaud entretenait encore le président de ses opérations contre les insurgés : « Je ne vous tairai point, général président, qu’il y a beaucoup à faire, avant de se promettre un résultat immédiat. Néanmoins, je ne cesserai d’employer tous mes soins pour réparer nos malheurs devenus assez grands pour redoubler notre ardeur et notre activité. C’est avec de tels sentimens que je vous prie de me croire toujours disposé à vous seconder, et à être constamment votre serviteur et ami… Au retour de la marche que je vais faire, j’aurai l’honneur de vous rendre compte de ce qui se sera passé. »

Et il préparait ses manœuvres pour opérer la scission !

  1. Borgella partit de Jérémie le 16 août. Quatre mois étaient à peine écoulés depuis le retour de Rigaud dans le pays, que déjà il cherchait à en troubler l’harmonie !