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Par cette lettre, il disait au président, que beaucoup d’hommes et de femmes étaient revenus sur les habitations ; qu’ils prétendaient que c’était par ordre de Goman ; que celui-ci avait promis plusieurs fois de venir à Jérémie ou sur l’habitation Testas, afin que Rigaud fît choix des hommes qui resteraient armés ; mais que la défiance le retenait encore ; que J.-B. Lagarde l’inquiétait davantage, malgré les lettres flatteuses qu’il lui avait adressées. Rigaud avait reçu des lettres d’Eveillard et de Panayoty, que lui envoya le président, et il fit savoir à ce dernier qu’il leur avait donné l’espoir de marcher bientôt à leur secours, « Puis-je tenir cette promesse ? dit-il en terminant. Puisse la marche des affaires me le permettre bientôt, et puissiez-vous, général président, goûter mon plan et me mettre à même de l’exécuter. Blanchet et Wagnac vous mettront au fait. »

Quel était ce plan ? Nous l’ignorons, car il paraît avoir été exposé verbalement par les deux envoyés, chargés d’exprimer toute la pensée de Rigaud. Le 4 septembre ils étaient de retour auprès de lui, porteurs de dépêches de Pétion, en date des 25 et 27 août ; Rigaud en accusa réception :

Vous me marquez avoir convoqué votre conseil pour le consulter sur quelques idées que j’ai eu l’honneur de vous soumettre, non pour faire adopter un nouveau plan d’administration, mais seulement pour rectifier celui qui existe, qui est tout-à-fait vicieux. Je m’en suis convaincu en voulant prendre connaissance de celui de Jérémie ; mais on s’oppose à ce que j’aie connaissance, ni des ressources ni des charges, et on sait bien la raison pourquoi, mais vous l’ignorez.

En vous soumettant mes idées sur l’administration et sur ce qu’il convenait de faire pour organiser l’armée, mon espérance était seulement que vous auriez pu y trouver quelque chose de conve-