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repoussée, en sacrifiant toutes les gargousses qu’il y avait : alors, il ne restait plus à toute la garnison du Môle que mille paquets de cartouches, et c’était ce que son brave commandant demandait le plus pour prolonger la défense de la place[1]. Du 14 au 23 où il écrivit de nouveau, le capitaine Moret y était parvenu dans une barge avec des munitions ; et il retournait au Port-au-Prince avee Àrnoux, aide de camp de Lamarre, emportant la nouvelle de la prise du poste de la barrière de Jean-Rabel et de plusieurs autres dans son voisinage, dans la journée du 22, par l’ennemi qui occupa une partie de la ville. Toussaint Paul prodigua sa bravoure en le combattant, et reçut quatre blessures, sans quitter le champ de bataille qu’avec ses soldats : presque tous les officiers étaient blessés. La flotte du Nord vint en même temps canonner le fort Lamarre et nos deux garde-côtes ; ceux-ci furent alors coulés par leurs capitaines, pendant que le fort ripostait et la contraignait à se retirer. Toussaint écrivit aussi le 25 au président etlui dit que les forts Lamarre, Allemand, Vallière et sa redoute, étaient les seules positions qui fussent en leur possession[2].

Le 11 septembre, l’ennemi attaqua ces diverses positions en même temps, dès 6 heures du matin. En repoussant un assaut, Eveillard sortit pour charger l’ennemi et fut atteint d’une balle à la tête qui termina sa carrière : son corps fut porté au fort Vallière qu’il avait défendu[3].

  1. Cette lettre du 14 août fut confiée à Valéry Renaud Desruisseaux, qui avait été aide de camp de Lamarre dont il était le parent.
  2. Toussaint Paul adressa aussi des lettres à Rigaud, le priant d’aider Pétion à leur porter secours. Il est probable que Lamarre lui aura écrit, en apprenant son retour dans le pays ; il avait été un officier de son escorte, sous les ordres de Borgella.
  3. Le corps d’Eveillard fut placé dans une pipe de rhum qu’on embarqua sur une barge commandée par Goimbert, l’un des capitaines des navires coulés dans le port, pour être