Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/343

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pandre son sang pour soutenir le trône que l’amour et la fidélité de ses sujets lui ont élevé ? »

Ainsi, dès cette époque, Son Altesse Sérénissirne Monseigneur le Président était un souverain qui avait son trône et ses sujets, selon le brave Pierre Toussaint ; et quelques années après, ce souverain, pour récompenser l’initiative qu’il paraît avoir prise dans cet ordre d’idées, mit sa fidélité à l’épreuve en le faisant périr d’inanition dans le célèbre cachot Bélizaire, à la citadelle Henry.

Mais, parlons des honneurs funèbres qui furent rendus par la République, à la mémoire du général qui honora son pays et la liberté, dont il servait la cause, qui s’honora lui-même par son courage à soutenir le siège fameux d’une ville après avoir si souvent battu ses ennemis, par son langage au chef de l’État, si souvent empreint de sa fierté républicaine et de sa mâle énergie.

Pétion, qui avait eu l’honneur de s’offrir à Rigaud pour aller partager les dangers de ses compagnons d’armes au siège de Jacmel, où sa vie était chaque jour exposée, pouvait bien penser que Lamarre était aussi exposé à périr au Môle. Néanmoins, à l’arrivée de ses dépouilles mortelles, de ce cœur qu’animaient de si beaux sentimens, de ces entrailles qui s’émurent toujours à la vue des maux de la patrie, Pétion éprouva une vive douleur de la perte du brave capitaine, dont il estimait les qualités distinguées. Comprenant le sacrifice fait de cette vie si noble au service de la République, il voulut qu’elle lui rendît les honneurs funèbres dus à son rang et à son mérite, dans des funérailles pompeuses, dont il ordonna lui-même tous les préparatifs.

Un char revêtu de deuil et traîné par quatre chevaux