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exécutant sa volonté avec une fermeté et une persévérance que nul autre ne posséda comme lui, excepté Toussaint Louverture.

Que Rigaud lui ait avoué ou non ce qu’il apprit par Lord Seymour, Pétion devait agir de manière à ôter toute chance à Rigaud de parvenir à la présidence. S’il crut que Bonnet, secrétaire d’État, pouvait se laisser entraîner par son ancienne affection, pour favoriser cette élection, non pas, certainement, dans les vues de servir les desseins de la France, mais dans l’espoir que Rigaud eût mieux conduit la guerre contre le Nord, mieux gouverné la République, en restant lui-même plus influent auprès de son ancien général qu’il ne l’était auprès de Pétion, celui-ci ne devait pas hésiter à le révoquer. Son devoir envers Haïti, qu’il avait contribué à rendre indépendante de la France, par son union avec Dessalines, lui en imposait l’obligation, afin de ne pas compromettre cette œuvre, opérée par la fusion des anciens partis de Rigaud et de Toussaint Louverture, au prix de tant de travaux guerriers, du généreux sang versé dans la guerre contre l’armée française.

Nous n’avons pas la prétention d’imposer nos appréciations ; mais nous ne concevrions pas un Haïtien qui penserait que, dans l’acte du 1er mai, interprété ainsi par nous, Pétion n’agit que dans des vues personnelles, dans l’intérêt du maintien de son pouvoir, par une ambition égoïste.


Il avait pris ses précautions politiques, par rapport à Rigaud ; mais il lui accorda la plus belle position militaire qu’il pût envier.

Dès les premiers jours du mois d’avril, Jean-Baptiste