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caution que la prudence peut suggérer ? J’y consens. Mais qu’ils sachent que je dois compte au peuple de la sécurité dont il doit jouir sous mon administration, et que la tête de quiconque osera désormais y porter atteinte, sera livrée, sans rémission, au glaive de la justice.

Donné au Port-au-Prince, le 24 janvier 1810.
Signé : Pétion.

Certes, c’était le moins que Pétion pouvait faire en cette circonstance, que d’avertir les factieux, que de les menacer, pour l’avenir, de toute la rigueur des lois. Mais, parmi eux, deux complices de Gérin s’étaient trop compromis pour ne pas subir au moins ces mesures de précaution dont parlait le président. Bergerac Trichet et Thomas Durocher marchaient à la tête des Éclaireurs, ils étaient déjà rendus au Corail pour se porter à l’Anse-à-Veau, lorsqu’ils apprirent la mort de Gérin ; leur position devint embarrassante. Le général Lys fit retourner les Éclaireurs à leurs cantonnemens, et ne put qu’informer le président de leur marche, sans opérer toutefois l’arrestation des deux officiers supérieurs. Thomas Durocher envoya un officier auprès de Borgella, lui demander ses conseils. Ce colonel lui fit dire d’avoir confiance dans les sentimens de modération du président, de se rendre de suite au Port-au-Prince et de lui avouer ses torts. Thomas Durocher et Bergerac Trichet suivaient ces conseils d’un véritable ami de tous les deux, quand l’ordre du président arriva ensuite pour leur arrestation : ils se rendirent au Port-au-Prince, avouèrent la faute qu’ils avaient commise, et furent mis en prison. Pétion ne voulut pas les faire juger militairement ; car ils eussent été condamnés à mort et flétris comme conspirateurs : en se bornant à leur simple détention, il compta