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à maintenir les troupes et les citoyens dans la fidélité au gouvernement. Mais le général B. Leblanc fut celui qui dut tenir le président mieux renseigné, parce qu’il était à l’Anse-à-Veau, foyer de la conspiration. Persuadé de la folie de Gérin, ainsi qu’il le lui avait fait entendre par sa lettre du 16 février 1809, Pétion ne pouvait faire autre chose que de donner ses ordres à B. Leblanc pour cette éventualité, puisque Gérin persistait dans sa haine. Ce commandant d’arrondissement les exécuta, en tenant surtout la 16e demi-brigade, que Gérin et lui avaient commandée, sous les armes et en parfaite discipline, afin de s’opposer à la moindre tentative : sa responsabilité l’exigeait ainsi.

Mais Gérin s’en prévalut pour prétendre qu’on en voulait à sa vie. Dans le courant de janvier, après avoir écrit des lettres à des chefs militaires sur divers points, il expédia à Jérémie le chef d’escadron Lhérisson, de son état-major, avec des lettres pour ceux de cette localité : Lhérisson fut chargé de les appuyer et d’entraîner ces officiers supérieurs dans sa faction[1].

Lys, Borgella et Henry refusèrent d’y entrer ; leur conduite maintint les troupes et les citoyens en parfaite tranquillité[2]. Mais Bergerac Trichet et Thomas Durocher s’entendirent pour aller à l’Anse-à-Veau, avec le corps des Eclaireurs que commandait ce dernier. À cet effet, ils firent abandonner les postes que ce corps occupait dans la campagne pour contenir les insurgés, et marchèrent jusqu’au Corail. En apprenant ce fait coupable, Lys

  1. Lhérisson fut accompagné dans cette mission par le lieutenant Lamothe Duthiers.
  2. Le colonel Henry s’empressa d’en donner connaissance au président, tandis que les autres s’en abstinrent encore, pour ne pas dénoncer Gérin. Fonctionnaires militaires, ils le devaient cependant ; mais on comprendra cette délicatesse de sentiment à l’égard d’un général qui avait rendu tant de services à son pays.