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faite, de le reconnaître pour chef immédiat de cette colonie. Sanches, enfin, est d’une taille moyenne, d’une figure assez commune ; actif et tempérant, il a le travail facile, de la pénétration dans l’esprit, de l’assiduité au travail, et il dort fort peu. »

Tel fut l’homme qui organisa l’insurrection de l’Est contre les Français. On reconnaît qu’il possédait toutes les qualités nécessaires à cet te entreprise, indépendamment des diverses causes qui la facilitaient. Cyriaco Ramirès, son compétiteur, ne pouvait lutter avec lui : en juin, au moment où Santo-Domingo allait capituler, il fut arrêté par ordre de Juan Sanches qui l’envoya à Porto-Rico, en l’accusant auprès du gouverneur, de tramer en faveur de Pétion. Après la reddition de la place, T. Montés l’y renvoya ; et Juan Sanches le fit mettre en prison où il resta dans les fers, jusqu’à l’amnistie générale du 30 juin 1812, proclamée par les Cortès d’Espagne.

Dès que Pétion eut appris la capitulation de Santo-Domingo, il expédia Sabourin et Manier pour complimenter J. Sanches sur ses succès, et lui proposer de permettre la continuation du commerce des bestiaux et autres produits des indigènes de l’Est avec la République d’Haïti, avec le judicieux espoir que ces relations de bon voisinage produiraient leur fruit plus tard[1].

En même, temps, Christophe députa l’adjudant-général Campos Thabarrès, indigène de Saint-Yague, dans

  1. Monier, blanc français naturalisé Haïtien par Dessalines, était en 1809 commissaire du gouvernement près le tribunal civil du Port-au-Prince. En 1801, il habitait Cotuy et fut très-lié avec Juan Sanches : mais il ne pouvait exercer auprès de lui autant d’influence que Carabajal et A. Manaz. Le but actuel de Pétion fut néanmoins atteint : le commerce des bestiaux se rétablit entre les indigènes de l’Est et la République, par autorisation de Juan Sanches : ce dernier n’eût pu l’empêcher sans mécontenter la population. Il en fut de même pour l’Etat du Nord.