10 avril, le président émit une proclamation par laquelle il ordonna une levée générale des troupes et des gardes nationales, pour entreprendre une nouvelle campagne ; une partie même des employés d’administration et le secrétaire d’État, leur chef direct, durent la faire : les magistrats seuls en furent exceptés.
Le président avait été extrêmement affligé de la mort du sénateur Thimoté, qui avait été le promoteur principal de l’insurrection de la 9e ; mais les circonstances de ce fâcheux événement étaient telles, qu’il fallut l’accepter comme fait accompli.[1] Comment punir Delva, sans manifester au moins son mécontentement à Lamarre, pour l’avoir chargé d’opérer l’arrestation de cet infortuné, égaré par une malheureuse idée ? Cependant, il jugea que cet officier ne pouvait plus être envoyé au Môle, où sa présence serait infailliblement d’un mauvais effet par rapport à la 9e et à la 14e ; Delva resta au Port-au-Prince : par la même raison, il y fît revenir le colonel Léger. Déjà, le colonel Bauvoir, malade par suite de ses nombreuses blessures, avait dû quitter ce glorieux champ de bataille : le grade d’adjudant-général lui fut décerné en récompense de ses services dévoués. En même temps, dans ce mois d’avril, une semblable récompense fut donnée à ceux du sénateur Voltaire et du colonel Beauregard, commandant de la place des Cayes.
Lamarre, privé ainsi du concours de trois vaillans officiers, ne fut plus secondé que par l’adjudant-général Chauvet et les colonels Eveillard et Toussaint. Ils soutinrent ce siège remarquable où chaque jour était un
- ↑ Pétion devint le protecteur de la famille de Thimoté, réfugiée au Port-au-Prince : il prit son jeune Dis comme employé dans ses bureaux, où il resta jusqu’en 1820, sous Boyer, pour devenir à cette époque fonctionnaire public au Port-de-Paix.