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là Delva ordonna à la garde de le saisir : Thimoté prit la fuite à ces mots, et Delva enjoignit aux soldats de faire feu ; le malheureux Thimoté tomba mort. Delva, et Léger qui lui prêta le concours de ses rigueurs inutiles et coupables, étaient évidemment sous l’impression d’une funeste irritation.

Lamarre rendit compte de ce malheureux événement, sans en dire toutes les circonstances, mais en soutenant que Thimoté était coupable ; et à ce sujet, il insinua au président, que son projet pouvait être lié à d’autres projets conçus au Port-au-Prince. « Il est possible, lui dit-il, que cela vous conduise à quelques renseignemens qui peuvent être utiles à vous et à notre pays. Cela mérite des réflexions : il faut déjouer sans aucun délai les ennemis de notre indépendance. Quant à moi, je le jure encore : je ne serai jamais l’instrument d’aucun parti, et je périrai pour le chef que mon pays a nommé et pour sa constitution. Ordonnez. »

Quelques jours après, en lui disant que le Môle était incessamment canonné et bombardé, il l’informa que les postes ennemis étaient si rapprochés des nôtres, que l’on se parlait de l’un à l’autre ; qu’il avait entendu lui-même, que l’ennemi disait à nos soldats, que le général Gérin et le président étaient divisés-et en guerre ouverte ; il ajouta : « Quant à moi, je ne puis penser un seul moment, que le général Gérin puisse jamais oublier ses proprès intérêts et ceux de la chose publique, jusqu’au point de chercher à troubler l’ordre et l’harmonie qui doit exister parmi nous. » Il dit ensuite à Pétion, que son intention était de se rendre au Port-au-Prince, afin de conférer avec lui sur les moyens démettre fin à la guerre civile ; mais que l’armée s’étant opposée à son départ, il lui ex-