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faire leur retour en denrées du pays, afin de n’en pas emporter, le numéraire. Le secrétaire d’État lui-même publia divers avis au public et prescrivit aux fonctionnaires, de contraindre les débiteurs de l’État à payer ce qu’ils lui devaient, principalement les fermiers des biens du domaine.

Cette dernière mesure, exécutée avec fermeté, lui attira le mécontentement et même l’inimitié de bien des gens haut placés, qui excitèrent la foule des fermiers contre lui ; mais il ne s’arrêta point à leurs clameurs injustes ; il dut même résilier des baux-à-ferme, faute de payement, et l’irritation des fermiers récalcitrans n’en augmenta que plus. Des égoïstes d’une autre espèce vinrent joindre leurs plaintes à celles-là : ils obtenaient facilement de fausses attestations des particuliers, dans les enquêtes supplétives des litres de propriété, pour en réclamer la remise du domaine : le secrétaire d’État provoqua un arrêté du président, en date du 17 mai, par lequel toute réclamation de cette nature était renvoyée à la paix intérieure du pays.


Nous avons laissé Lamarre, au 29 décembre 1808, se préparant à se voir assiéger au Môle, demandant des secours en toutes choses, au moment où il venait de combattre à la Source-Ronde et où il avait 800 blessés à l’hôpital. À ce poste avancé, se trouvaient presque toutes ses forces sous les ordres de Delva, qui était secondé par Toussaint, Léger et Germain. Lamarre, malade d’une affection cutanée, se tenait au Môle avec Bauvoir, Éveillard et Masson Dias, ce dernier, ancien officier de marine. Le chef de bataillon Henry était le commandant de la place, et le capitaine Alain, son adjudant ; deux com-