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En même temps, le sénat décrétait le costume de ses membres et celui du Président d’Haïti[1], interdisait à ses membres de s’absenter du Port-au-Prince, déterminait leur place parmi les troupes en cas de nouveau siège contre cette ville, ordonnait une cérémonie funèbre à la mémoire des défenseurs de la patrie, morts pour la cause de la liberté, fixait les honneurs à rendre aux militaires blessés dans les combats, et instituait quatre fêtes nationales : celles de l’Indépendance, le 1er janvier ; de l’Agriculture, le 1er mai ; de la Constitution, le 5 juillet ; et de la Liberté, le 17 octobre.

Le 6 avril, une loi accorda amnistie aux insurgés de la Grande-Anse, pour les porter à rentrer sous les lois de la République, en considérant qu’ils avaient été égarés par des malveillans. Mais elle ordonna aussi que la force armée serait déployée avec vigueur contre tous ceux qui persisteraient dans leur rébellion. Si cette loi produisit quelques soumissions, il ne fallut pas moins continuer l’emploi des moyens coercitifs contre la plupart des insurgés. Déjà, à l’arrivée du général Francisque et de la 15e demi-brigade, sous les ordres du colonel Borgella, ils avaient obtenu quelques succès contre ces insurgés[2] ; Jean-Baptiste Lagarde, Barthélémy Dulagon et d’autres chefs secondaires, comme eux, ayant été faits prisonniers, les deux premiers avaient été graciés d’après l’avis de

  1. Ce fut le petit costume des sénateurs et du président qui fut décrété : pour les premiers, habit carré de drap bleu, doublure en soie rouge, etc. ; pour le président, habit carré de drap écarlate, doublé en soie blanche, etc. Lui seul portait un panache bleu.

    À la même époque, Pétion dessina lui-même le faisceau d’armes de la République, ayant des drapeaux aux couleurs nationales bleue et rouge, comme pendant la guerre de l’indépendance. Mais il plaça ces couleurs horizontalement pour mieux distinguer le drapeau haïtien du drapeau français où elles sont placées verticalement. Dans le drapeau de Christophe, les couleurs noire et rouge restèrent comme du temps de Dessalines, placées verticalement.

  2. Dans un des combats qui leur furent livrés, Borgella reçut une balle au bras gauche.