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champ de bataille et dans leur fuite, ou faits prisonniers. Bien d’autres Français furent alors assassinés isolément dans la campagne où ils étaient établis.

Le cadavre de Ferrand ayant été trouvé sur la route par les vainqueurs de cette sanglante journée, ils eurent l’indignité de lui trancher la tête qu’ils portèrent en triomphe au bout d’une lance.[1] Et cependant, ce général avait constamment été bienveillant, on peut le dire, envers toute la population de cette partie de l’Est ! Il l’avait gouvernée pour la France, de manière à la rendre heureuse autant qu’il dépendait de lui.[2]

À Palo-Hincado, se trouvaient Savary aîné, Faustin Répussart, Desfontaines et Lavalette, quatre hommes de couleur de Saint-Marc, qui, dans tout le cours de la révolution, étaient restés attachés au système colonial ou à la France : ils échappèrent aux lances des Seybanos et rentrèrent à Santo-Domingo.[3]

Le 8 novembre, la nouvelle y parvint de la mort du général Ferrand et de la perte totale de ses 500 hommes. L’autorité passant aux mains du général Barquier, il rendit un arrêté qui déclara la ville de Santo-Domingo en état de siège ; il prit aussitôt des mesures pour sa défense, envoya l’ordre au colonel Aussénac de s’y porter : en ce moment, ce colonel était pressé par C. Ramirès et ses gens. Cette ville allait manquer en même temps des approvisionnemens de la campagne et de l’étranger, l’em-

  1. On prétend que la tête du général Ferrand fut conservée comme une relique guerrière, par Santana, père du général Pedro Santana qui est le chef actuel des indigènes de la partie de l’Est. Guillermin dit qu’on assure que ce fut un nommé Foleau qui trancha cette tête.
  2. Des citoyens de Santo-Domingo m’ont dit, que Ferrand se montrait même partial en faveur des indigènes, dans toute discussion qu’ils avaient avec des Français.
  3. En 1821, ce Lavalette vint au Port-au-Prince, dans une circonstance qui sera, relatée suivant l’ordre chronologique.