cette année, et qui devait tant influer sur les destinées des Antilles et des autres colonies à esclaves : celle de l’abolition de la traite des noirs. Dans une telle occurence, Pétion et ses collaborateurs ne pouvaient négliger les intérêts de la patrie conquise au milieu d’elles, pour servir de refuge à toute cette race. Plus tard, nous dirons ce qu’obtint cette mission confiée à l’une de nos plus grandes capacités politiques ; et l’homme d’État devra examiner aussi ce qui peut servir d’excuse à la parcimonieuse philantropie du gouvernement britannique[1]
Le 21 mars, le sénat rendit une autre loi sur l’enregistrement et le timbre, en ordonnant d’exécuter d’anciennes lois françaises sur ces matières, qui avaient été en vigueur dans le pays. Mais le timbre seul put être établi, l’administration de l’enregistrement ne pouvant l’être, faute de sujets capables. Procédant encore en faveur de celle des finances, il rendit successivement diverses autres lois sur l’impôt établi sur les guildives, sur la ferme des échoppes du marché du Port-au-Prince, sur l’impôt territorial à percevoir sur le coton et le cacao produits dans le pays, sur le payement en argent du fermage des sucreries, sur celui du prix des fermes dû à l’État. Les négocians, marchands et autres industriels qui étaient établis au Port-au-Prince le 1er janvier, ne furent astreints à payer que la moitié du prix de leurs patentes, à cause du pillage qu’ils y subirent.
- ↑ On a vu au chapitre 8 du livre précèdent, que R. Sutherland, négociant anglais, était un agent non accrédité de son gouvernement, et que, le 10 octobre 1806, il avait obtenu de Dessalines un privilège exclusif de commerce avec Haïti : ce qui le porta à écrire que, par un traité, la Grande-Bretagne pourrait s’assurer de grands avantages. Comme il résidait au Port-au-Prince et qu’il fut très-attaché à Pétion, il est probable qu’il a pu aussi conseiller cette démarche auprès du gouvernement britannique. — L’abolition de la traite des noirs eut lieu par l’acte du parlement en date du 2 mai 1807 : cet acte fut discuté longuement.