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partie française, du côté de la République gouvernée par Pétion, sensibles à l’humanité qu’il avait montrée envers les prisonniers faits dans la campagne contre Santo-Domingo, et reconnaissans de ce qu’il avait renvoyé à leurs foyers tous ceux qui étaient sous ses ordres : ces habitans s’empressèrent de conduire leurs bestiaux au Port-au-Prince, de venir y vendre d’autres produits, dont ils ne pouvaient obtenir le débit que là. Averti de cela, le général Ferrand y mit de l’empêchement avec une sévérité qui leur déplut en contrariant leurs intérêts.

Ainsi, à la répugnance que les habitans de l’Est d’Haïti éprouvaient d’obéir aux lois françaises, d’être incorporés à la France, dont les agents avaient envahi toutes les places, tous les emplois importans de cette partie, en les mécontentant encore par le ridicule que l’esprit français jetait sur leurs pratiques de dévotion extrême, se joignirent des actes de l’autorité qui touchaient aux propriétés privées consacrées depuis des siècles, et à celles qui ne pouvaient être fructueuses qu’en profitant de la facilité d’un commerce naturel. De là une haine secrète qui germait dans les cœurs contre la domination française, et qui n’attendait qu’une occasion pour éclater et se développer avec fureur.

La guerre civile survenue entre les Haïtiens, qui étaient en guerre aussi avec les Français, mais qui étaient les amis naturels des habitans de l’Est, par la conformité de religion, par les intérêts, par leur couleur où le mélange du sang africain trahit une origine commune ; cette guerre civile n’était pas propre à produire ce résultat. D’un côté, se trouvait un chef connu dans l’Est par des assassinats et l’incendie des propriétés, des villes et des moindres hameaux, dans la désastreuse