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justice des hommes ; je me console d’être sans reproche envers personne et de n’avoir d’autre but que de coopérer de tous mes moyens à procurer la paix et le bonheur à mon pays.

J’ai l’honneur de vous saluer avec considération. Signé : Pétion.

Cette lettre, d’un calme parfait, nous met sur la voie des faits. Il paraît que des propos tenus au Port-au-Prince, attribuaient à Gérin l’intention de conspirer, qu’il en fut question par-devant Pétion, et qu’apprenant cela, Gérin lui avait écrit pour s’expliquer avec lui à ce sujet ; voir si, par sa réponse, le président paraîtrait y donner créance. Eh bien ! on voit que Pétion lui avoue que ces bruits alarmans ont circulé, que des rumeurs ont eu lieu, par suite des discours qu’il considérait comme des calomnies, lorsqu’ils annonçaient des projets subversifs ; et qu’il n’accusait personne, tout en faisant entendre à Gérin qu’une telle entreprise serait une folie. Il n’y avait rien dans cette réponse qui pût exciter le mécontentement de Gérin, et l’on verra bientôt que Pétion le rappela à l’activité dans l’armée, pendant une campagne.

De leur côté, les sénateurs militaires qui purent concourir aux actes du sénat, dans un esprit quelque peu hostile au président, ne perdirent point leurs positions en cette qualité ; ceux de la classe civile continuèrent à jouir de leurs indemnités.

Nous avons dit que des rivalités pouvaient exister autour de Pétion. Cela est vrai, et il faut en parler ; car elles ont eu une influence déplorable sur la conduite de bien des hommes de cette époque.

Par tout ce que nous avons dit précédemment, des relations de Bonnet avec Pétion, on a pu voir que ce