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s’empressa de complimenter Bonnet, en l’engageant à débrouiller le chaos des finances, afin d’entretenir les troupes, etc., etc. Mais l’élu du sénat, qui pouvait justement ambitionner cette charge, parce qu’il se sentait capable de la remplir dignement, demanda à réfléchir avant de l’accepter. Il est présumable qu’il aura voulu consulter préalablement le Président d’Haïti, et pressentir s’il pourrait marcher en harmonie avec lui, ayant à exercer des attributions aussi étendues que celles énumérées dans la loi du 25.

Quelle objection Pétion pouvait-il faire à sa nomination ? Il le savait capable d’administrer les finances et toutes les autres branches du service public. Quelle antipathie pouvait-il avoir pour celui dont il venait de faire l’éloge, à l’occasion de la campagne contre Saint-Marc ; qui avait été le chef de son état-major pendant plus de trois ans ; qui vivait en intimité avec lui, qui avait tant contribué aux événemens qui amenèrent la fondation de la République et à son élection à la présidence ? Aucune ! Des rivalités, dont nous serons forcé de parler bientôt, pouvaient exister autour de Pétion, mais non pas entre lui et Bonnet, ni aucun des sénateurs. Pétion était placé trop haut dans l’opinion de l’armée et du peuple, pour avoir des rivaux dans la République ; et il n’avait qu’un envieux, — le général Gérin !

Le 30, Bonnet déclara qu’il acceptait la charge de secrétaire d’État, et le sénat rendit son décret du même jour à cet effet.

En même temps, le projet de message adopté la veille fut voté, et ce message expédié de suite au Président

    inconsidéré, après les preuves acquises de son insuffisance et la petite affaire des cent milliers de café.