Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur la conduite et les opérations du gouvernement. « Ces agitateurs, qui n’ont jamais rien fait d’utile pour la patrie, n’ont à espérer, je le sais, que l’indignation générale. Que peuvent-ils, d’ailleurs, attendre de leurs vaines et insidieuses clameurs ? Le gouvernement, fort de sa conscience, se repose sur le jugement de la généralité des citoyens ; et quoiqu’il voue ces factieux au plus profond mépris, ses regards seront toujours fixés sur leurs démarches et sur les trames secrètes qu’ils ont eu l’aveuglement de concevoir [1]. »

Ces paroles étaient incisives et menaçantes : à qui s’adressaient-elles ? Nécessairement, à tous ceux qui pouvaient avoir à se reprocher des intentions hostiles au président ; mais personne n’était nommé.

Le 28 novembre, le sénat reçut la réponse de Gérin, du 25, qui lui annonçait que, nouveau Cincinnatus, il abandonnait sa charrue pour se rendre au vœu « des représente tans du peuple souverain. » En même temps, un membre proposa de nommer le secrétaire d’État.

Le 29, la proclamation du Président d’Haïti ayant paru, le sénateur Lys fit une motion d’ordre, tendante à ce que le sénat lui adressât un message « pour le requérir de faire arrêter les conspirateurs qu’il avait signalés au public, comme tramant contre la République. » Cette motion fut adoptée, et Fresnel, Lys, David-Troy, Mode et Bonnet furent chargés de rédiger ce message.

Aussitôt, le sénat procéda à l’élection du secrétaire d’Etat : sur 13 votans, Bonnet eut 10 voix ; Daumec, Fresnel et Blanchet aîné en eurent chacun une.[2]Daumec

  1. Le style de cette proclamation nous fait soupçonner qu’elle fut écrite par Boyer, qui était au Port-au-Prince au plus fort des intrigues ourdies par quelques sénateurs et d’autres citoyens.
  2. Celui qui vota pour Blanchet était nécessairement un opposant à Pétion, un opposant