Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/220

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la campagne et aller guerroyer, afin de désobstruer la route de cette ville à Saint-Marc.

Pendant que le sénat agissait comme on vient de le voir, le président prenait la résolution de retourner avec l’armée au Port-au-Prince. Probablement, le général Pierre Toussaint avait pu être informé par ses espions, que les républicains allaient lever le siège de Saint-Marc ; à la guerre, cela se pratique pour connaître les dispositions de l’ennemi. Il envoya un ou deux régimens qui passèrent par les montagnes et vinrent se poser en embuscade, dans la partie de la route la plus convenable pour une telle opération, se proposant de harceler l’ennemi avec le reste de la garnison de Saint-Marc, dès qu’il lèverait ses camps.

Arrivé vers l’habitation Lanzac, au Mont-Roui, le président donna le commandement de l’armée au général de division Bazelais, ayant sous ses ordres les généraux Bonnet et Métellus, pour la mener à l’Arcahaie ; et il s’embarqua lui-même sur sa petite goëlette l’Indien qui le porta dans ce bourg. Nos troupes eurent à se frayer la route à travers l’embuscade ennemie qui fit bien son devoir ; mais enfin elles passèrent. Dans une circonstance pareille, il y a presque toujours quelque confusion ; il y eut des hommes égarés pour ne s’être pas tenus dans les rangs, il y en eut de faits prisonniers par l’ennemi. Réunie à l’Arcahaie, l’armée rentra au Port-au-Prince avec le président, le 21 novembre.

À cette époque, les intrigans et les agitateurs se plurent à accuser Pétion de lâcheté, pour n’être pas resté au milieu de l’armée afin de traverser l’embuscade avec elle. Cette imputation convenait à l’opposition qu’on lui faisait, à lui qui avait donné en tant d’occasions la preuve