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imita la Convention nationale de France, en députant dans les arrondissemens ou chargeant spécialement des commissaires sur les lieux, pour activer cette imposition extraordinaire.

Le 6, le président répondit à son message, approuva les mesures prises, en complimentant les commerçans du Port-au-Prince de leur zèle.

Le sénat n’en manquait pas lui-même. Le 8, il adressa un message au citoyen J.-C. Imbert, par lequel il l’enjoignait « à comparaître à sa barre, afin de rendre compte des opérations de l’armée et de la situation des finances. » Il est probable qu’aux yeux du sénat, étant chargé du portefeuille de la secrétairerie d’Etat, il était censé être en correspondance militaire avec le président. Mais ce fonctionnaire, souffrant de son athsme habituel, s’impatienta excessivement de cette espèce de mandat de comparution ; et, avec un ton de fermeté qu’on ne lui supposait pas, il déclina le droit que le sénat prétendait avoir à ce sujet : sa réponse se basait sur la constitution. Le sénat reconnut qu’il avait fait un pas de clerc, et lui députa trois de ses membres pour conférer avec lui sur les mesures à prendre[1].

Le 9, ce corps rendit une loi qui enjoignait à tous les débiteurs du trésor public, à quelque titre que ce fût, d’avoir à solder leurs comptes dans huit jours pour tout délai. Et le même jour, il députa le sénateurs Daumec,

  1. À une autre époque, étant chef de bureau au magasin de l’État, je me suis trouvé parmi les fonctionnaires qui accompagnèrent le secrétaire d’Etat Imbert, à une séance publique de la chambre des représentans qui l’avait mandé à sa barre. Le président de la chambre l’ayant interpellé sur la situation des finances, il lui répondit : « La constitution ne donne pas le droit à la chambre de m’interpeller en séance publique, mais à huis-clos. » À cette réponse ferme et catégorique, les représentans passèrent docilement à huis-clos. Les rieurs restèrent du côté du secrétaire d’Etat, car la chambre s’était proposée bien des choses ce jour-la.