Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 7.djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mécontent, à ce qu’il paraît, de n’avoir pas reçu en même temps la réponse de Pétion aux Remontrances, le sénat rapporta, le 4 août, son décret du 1er juillet 1807, ainsi qu’il résulte du procès-verbal[1]. Il laissait donc au Président d’Haïti, les facultés qui lui avaient été accordées dans le mois de mars, en lui enlevant ses pouvoirs extraordinaires. Il arrêta de plus, que l’impression de ses actes, procès-verbaux, etc., aurait lieu, afin de les adresser « aux autorités civiles et militaires pour qu’elles n’ignorent point les opérations du sénat. »

Cette dernière disposition prouve de sa part, l’intention formelle de donner au peuple la plus grande communication de ses travaux ; par suite, d’entrer dans la plénitude de ses attributions constitutionnelles, d’exercer son influence sur le pays, de le régir : car la constitution n’entendait pas autre chose, en concentrant entre ses mains la nomination aux emplois civils et militaires, etc., en lui accordant enfin la dictature. Et, de même qu’il venait de rapporter son décret du 1er juillet, il pouvait aussi rapporter ses actes des 12, 19 et 21 mars 1807, qui n’étaient également de sa part que des concessions faites au Président d’Haïti.

Un homme de la portée politique de Pétion, ne pouvait s’aveugler sur les conséquences probables ou seulement possibles des résolutions du sénat, après en avoir reçu face à face l’acte d’accusation lancé contre lui, sous le titre de Remontrances.

Dans les circonstances où se trouvait la République, la situation devenait excessivement grave. Jusque-là, toutes les résistances factieuses avaient pu être conjurées,

  1. Le procès-verbal de la séance du 4 août le dit ; mais le décret d’abrogation ne se trouve pas dans ses archives : il paraît qu’il ne fut pas imprimé non plus.