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l’ennemi et pris position sur l’habitation Poix-la-Générale, qui touche au bourg de l’Arcahaie ; en rendant compte au sénat de ce résultat, il mentionna honorablement le sénateur colonel David-Troy qui l’avait aidé.

Mais Pétion était arrivé en hâte : il retrouva les esprits plus effervescens que jamais, le sénat dans la plénitude de ses attributions exécutives résultant de l’article 83 de la constitution, donnant des ordres au général chef de l’état-major général de l’armée et se faisant rendre compte des opérations militaires[1]. Ce corps avait agi pour le salut commun, il ne pouvait que l’en féliciter. En était-il de même de la part du sénat, pour ce qu’il avait fait dans le Sud, de la part des hommes qui partageaient les opinions, au moins, de quelques-uns des sénateurs ? On en jugera.

Le premier de ces hommes, qui voulut essayer, de sa puissance, fut le colonel Bergerac Trichet. Les fifres, et les tambours de la 18e eurent querelle avec ceux de la 3e : à cette époque, c’étaient les ferrailleurs habituels des corps de troupes ; ils vidaient leurs duels dans les rues. L’autorité militaire était constamment obligée de sévir contre eux ; mais les colonels des corps intervenaient presque toujours en leur faveur, et ceux du 1er régiment d’artillerie étaient aussi taquins que les autres. Or, le colonel Lys, commandant ce corps et l’arrondissement, se voyait forcé d’être indulgent pour les autres, puisque ceux de son régiment péchaient également contre la discipline. Le caractère de Bergerac Trichet le porta à faire autre chose : il fit battre l’assemblée

  1. Art. 83. Le sénat a le droit de disposer, pour le maintien du respect qui lui est dû, des forces qui sont, de son consentement, dans le département où il tient ses séances.