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qui venait d’éclater, par suite des rivalités, des jalousies préexistantes entre les anciennes provinces du pays, ayant des idées politiques différentes, devait prouver le danger qu’il y avait à perpétuer cette influence ; il était à craindre qu’un chef militaire, pour satisfaire à son ambition personnelle, ne voulût en abuser au détriment de la République, une et indivisible, en soulevant les passions, en ravivant l’esprit de localité. Après la mort de Magloire Ambroise, on n’avait pas songé à donner à l’Ouest un nouveau commandant en chef : Gérin donnant sa démission, le Président d’Haïti devait, l’accepter[1].

Il avait prolongé son séjour à Jérémie, par rapport aux mesures qu’il fallait prendre à l’égard de l’insurrection qui désolait la Grande-Anse. Le 27 juin, renvoyant de là au Môle, l’adjudant-général Delva venu en mission auprès de lui, avec 2000 chemises, 2000 chapeaux, 22000 paquets de cartouches, des pierres à feu, du plomb, 60 sabres, 100 selles et 14000 gourdes, que portaient les garde-côtes de l’Etat, le président exprimait à Lamarre « ses félicitations et son admiration » pour les derniers succès qu’il venait de remporter, en lui disant qu’il allait bientôt retourner au Port-au-Prince pour diriger des opérations contre l’ennemi. Il ajouta dans la même lettre :

Je dois ici vous informer que le général Gérin a, depuis un mois, donné sa démission de commandant du département du Sud. La cause de la retraite de ce général est, m’a-t-il écrit, fondée sur son grand âge et ses infirmités. Dans tous les cas, on ne peut que s’étonner des circonstances qui ont précédé sa demande ; car, à supposer

  1. On verra ce que produisit de funeste pour la République, la confiance qu’eut Pétion en Rigaud, à son retour de France, en lui attribuant le commandement de toutes les forces du Sud pour éteindre l’insurrection de la Grande-Anse.