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sur toutes ces réclamations, faute de documens pour vérifier les choses, le sénat rendit une loi qui ajourna à y décider, jusqu’à la paix intérieure : c’était un rejet simulé.

Le même jour, il prohiba toutes relations de commerce entre Cuba et les ports de la République, le Môle excepté, à cause du profit qui en résultait pour l’armée expéditionnaire : plus loin, nous dirons quels furent les motifs de cette décision.

Le 28, un ordre du jour du Président d’Haïti réunit plusieurs dispositions. Il s’agissait d’habiller les troupes ; il ordonna au général Bazelais, chef de l’état-major général, de se rendre au camp du Boucassin pour y faire dresser les contrôles d’habillement, en enjoignant en même temps aux commandans d’arrondissement et de place de traquer les déserteurs pour les renvoyer à leurs corps respectifs, un mois de solde devant être payé à l’armée.

Mécontent de cette inspection des troupes sous ses ordres, le général Gérin quitta le camp et se rendit dans le Sud : il était décidément un boudeur que rien ne pouvait plus satisfaire.

L’ordre du jour avait un autre objet : c’était la destitution du lieutenant Laruine Leroux, de la 3e demi-brigade, qui avait insulté le général Nicolas Louis et qui avait aussi manqué de respect au chef du gouvernement dans son palais même, non en sa présence, mais par les circonstances d’une querelle qu’il avait suscitée à Méroné, neveu du président[1]. Laruine était un des plus braves officiers de son corps et le favori du colonel Gédéon qui le com-

  1. Pétion autorisa Méroné à se battre en duel avec Laruine. Ce fait eut lieu derrière le palais, et Méroné ayant reçu une balle à la cuisse, Laruine y passa, un pen gris, et dit à l’officier de garde, en créole : « Dis Président voyé ramassé petit blanc li là. » Méroné avait le teint d’un blanc, en effet.