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à la célébration de la fête de l’indépendance nationale. Réuni en son palais, il reçut le Président d’Haïti qui vint augmenter la solennité de cette fête par sa présence. On se rendit sur la place d’armes, où le serment de vivre libres et indépendans fut renouvelé, comme il avait été prononcé le 1er janvier 1804. Tous les corps de l’État, les fonctionnaires et employés publics, s’étaient joints au cortège, et les troupes étaient placées en bataille sur ce champ de Mars. Les instituteurs et les institutrices avec leurs élèves y furent également admis. C’était une imitation des fêtes de la République Française.

Le général Bonnet fut élu président, et les sénateurs Daumec et Pelage Varein, secrétaires : ils signèrent le procès-verbal de cette cérémonie. Mais on reste étonné en le lisant, de ne pas y voir faire mention de la présence du Président d’Haïti, tandis qu’un compliment flatteur prononcé par l’une des jeunes filles, au nom de toutes, s’adresse au chef de l’État comme aux législateurs. Pourquoi cette omission, et que décèle-t-elle ?

C’est qu’une sorte de froideur commençait déjà entre le sénat et Pélion ; elle existait même entre des sénateurs et lui, du jour où il remplaça Blanchet aîné par C. Thélémaque, comme secrétaire d’État. Chacun était convaincu que le premier ne répondait point à ce qu’on attendait de lui, lorsqu’on lui confia les rênes de l’administration ; mais ces sénateurs pensaient aussi que le second n’était pas plus propre à cette éminente charge : c’était Bonnet qu’ils eussent voulu voir appelé à l’occuper. Sans nul doute, ce dernier avait toute la capacité qu’elle exigeait, Pétion lui-même le savait. Mais, indépendamment de la position militaire de Bonnet, de sa capacité aussi en cette partie qui le rendait propre à commander l’armée à défaut