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promis également les colonels David-Troy et Gédéon. Ces trois chefs étaient des soutiens intelligens, dévoués et influens de la République ; les troupes placées sous leurs ordres avaient eu part aux irrégularités commises à Jacmel : conçoit-on ce qui eût pu en advenir ? Il n’y a pas un seul gouvernement qui ne soit exposé à sembler approuver des faits de cette nature, de la part de ses agents, alors même qu’il en est mécontent : pour apprécier sa conduite, il faut se reporter aux circonstances du temps où ils se passaient, et nous disons que les circonstances étaient telles, que Pétion dut les souffrir et se taire à ce sujet.


On a vu, dans sa lettre à Lamarre du 31 juillet, qu’au moment où éclatait la conspiration de Yayou, le général Pierre Toussaint avait paru au Boucassin avec ses troupes. Cette affaire étant terminée, le président avait fait occuper ce canton de la commune de l’Arcahaie par des détachemens du corps de la garnison du Port-au-Prince, afin que l’ennemi ne pût plus s’y présenter, et c’est de là qu’était partie l’armée pour aller contre Saint-Marc. À son retour, le Boucassin fut encore occupé ; on y établit un camp retranché dont le général Gérin, venu du Sud dans cette circonstance, eut le commandement. Il y établit une sévérité telle dans la discipline imposée aux troupes, que beaucoup de soldats désertaient incessamment pour se rendre au Port-au-Prince. La proximité de ces deux points portait d’ailleurs les militaires à venir souvent au Port-au-Prince, chercher de la nourriture et d’autres choses dont ils avaient besoin ; mais Gérin n’entendait pas qu’un seul d’entre eux quittât leur poste. Dans la stricte observance du devoir militaire, il avait