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Mais, en le voyant arriver, continuant son audace, David-Troy, à cheval, s’élança au milieu de son escorte ; et, posant la main sur son épaule, il lui demanda d’exhiber le permis qu’il avait dû obtenir du Président d’Haïti pour quitter le Port-au-Prince, siège de son commandement. Interdit, se sentant coupable, Magloire ne sut opposer aucun courage. David-Troy lui dit : « Vous êtes mon prisonnier ; vous êtes un conspirateur : suivez moi au palais national. » Et le commandant du département de l’Ouest obéit au sénateur colonel dont l’énergie lui imposait ! Toutefois, le capitaine Michel essaya de dégager son général ; il cria aux guides de charger le groupe des militaires de la 22e accourus à la voix de leur colonel, pour conduire Magloire au palais ; mais ces guides n’en firent rien. David-Troy ordonna alors d’arrêter Michel qui s’enfuit, ainsi que Borno Déléard, le capitaine des guides et les autres officiers de l’état-major, chacun cherchant à se cacher.

Terrorisée par l’aspect de la 22e et l’audace de son colonel, la 23e ne fit aucun mouvement en faveur de Magloire : la conspiration était dès lors vaincue, comprimée. L’honneur de cette compression en revient à David-Troy ; car, au dire de tous les contemporains, le général Bonnet, logé au palais, n’en sortit pas pour aider ce colonel, pour faire valoir son autorité de commandant d’arrondissement : aussi, la réputation militaire de David-Troy grandit extrêmement.

Renfermé prisonnier, Magloire Ambroise fit appeler le médecin Elie qui le traitait habituellement, et le pria de lui donner du poison pour mettre un terme à ses jours, afin de ne pas être jugé et puni comme conspirateur. Elie lui en procura, et le 7 décembre il mourut au pa-