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la 23e se rendirent sur la place d’armes, havresac sur le dos. En s’y rendant avec la 22e, David-Troy essuya le feu de quelques militaires de ce corps ; n’étant pas atteint, il se porta sur le drapeau du bataillon d’où étaient partis ces coups de fusil, s’en empara et ordonna à la 22e de le suivre au fort Béliot où est l’arsenal. Son air martial, son courage audacieux, sa voix accentuée, ses précédens militaires en imposent tellement à ce corps, à la tête duquel il venait de se distinguer devant Saint-Marc, qu’il le suit au fort : un capitaine nommé André se fait sauter la cervelle au moment d’y entrer. David-Troy craignait évidemment le contact de la 22e avec la 23e, et en s’emparant du fort et de l’arsenal, il se rendait maître de Jacmel. Là, il fit l’appel des officiers, d’un air irrité ; ceux qui se sentaient coupables comme André, furent effrayés et se sauvèrent par-dessus les murs. Le colonel intelligent fit immédiatement des promotions, au nom du Président d’Haïti, parmi les sous-officiers qu’il appela à les remplacer, et il harangua son corps qui cria avec lui : Vive la République ! Vive le Président d’Haïti !

Assuré alors de la soumission de la 22e, il sortit de l’arsenal avec une pièce de campagne chargée à mitrailles, et il alla avec son régiment sur la place d’armes, où il l’alligna en face de la 23e.

Le général Magloire arrivait à Jacmel en ce moment ; il se porta sur la place d’armes avec sa nombreuse escorte : ce qui prouve qu’en s’évadant du Port-au-Prince dans la soirée du 5 décembre, il avait calculé qu’il serait à Jacmel pendant l’heure de la parade, avec l’espoir que les troupes se seraient prononcées en sa faveur ; et ce n’était pas sans dessein que les soldats de la 23e portaient leurs havresacs.