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sur les républicains qui furent forcés à la retraite : ils ne purent même traîner la pièce de campagne et l’enfouirent sur l’habitation Boisneuf.

Le général Bonnet, au rapport de tous, fit preuve de bravoure et d’un sang-froid remarquable dans ces diverses actions. David-Troy et les autres colonels brillèrent aussi par leur valeur. Du côté de l’ennemi, les mêmes qualités militaires se montrèrent parmi les officiers supérieurs, principalement le général Pierre Toussaint.

Autant par ces revers que par motif politique, Pétion donna l’ordre à Bonnet de ramener les troupes au Boucassin ; car la situation de l’arrondissement de Jacmel réclamait la présence de ce général. Le président savait que Magloire Ambroise faisait agiter l’esprit de la population par quelques hommes qui lui étaient dévoués. Dans le but de déjouer cette trame, il y envoya Bonnet avec la 22e commandée par David-Troy, et la 23e par Azor Morel.

Mais, à leur passage au Port-au-Prince, Magloire était parvenu à gagner à son projet, une portion de la 22e dont il avait été le colonel, et toute la 23e. Comptant sur son influence parmi ces corps et sur le reste de la population, dans la soirée du 5 décembre, il s’évada du Port-au-Prince avec les officiers de son état-major et ses guides et se rendit à Jacmel[1]. Outre Borno Déléard, il avait auprès de lui le chef d’escadron Maillard, le capitaine Jean Adonis, le lieutenant George Lapierre, le sous-lieutenant Aly Dubrueil, et le capitaine Michel qui lui servait de secrétaire.

Le 6 décembre était un jour de parade. Les soldats de

  1. Dans la route, Magloire fit arrêter Mondésir Germain, aide de camp du général Bonnet, qui portait ses dépêches au Président d’Haïti.