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d’y exciter une nouvelle conspiration. Déjà, Magloire se montrait mécontent de la nomination du général Bonnet au commandement de l’arrondissement de Jacmel ; quoique commandant en chef lui-même du département de l’Ouest, il préférait se tenir dans cette ville où il eût été le premier personnage, plutôt que de résider au Port-au-Prince, chef-lieu du département, où il se croyait effacé par la présence du Président d’Haïti. L’histoire a fourni plus d’un exemple, pour prouver que Jules César ne fut pas le seul qui préférât d’être le premier dans une bicoque que le second à Rome.

Ces malheureuses dispositions étaient, pour Pétion, un nouveau sujet de préoccupations douloureuses : il estimait et aimait Magloire Ambroise, homme de bien, citoyen distingué par ses sentimens, qui avait rendu au pays des services signalés. Dans le but de le soustraire aux mauvaises influences, il l’obligea en quelque sorte à se tenir au chef-lieu de son commandement, afin d’être à même de les neutraliser par ses procédés et ses attentions pour ce général ; mais il ne fit qu’empirer le mal, en dépit de ses bonnes intentions.

À ces difficultés, qui le contraignaient lui-même à rester au Port-au-Prince, où sa présence était encore nécessaire pour veiller au ravitaillement de l’armée expéditionnaire, soit par les garde-côtes de l’État, soit par des barges, pour lui envoyer des renforts en hommes, se joignait sa maladie qui revenait sans cesse. Les troupes du Sud était presque toutes employées à combattre l’insurrection de la Grande-Anse ; celles de l’Ouest devaient fournir à ces renforts et former l’armée qui marcherais contre Saint-Marc ; et la caisse publique, par l’inaptitude de Blanchet aîné, donnait à peine de quoi subvenir à