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Bruny Leblanc, formaient des cordons de troupes et de gardes nationaux, pour empêcher l’insurrection de s’y propager et la contraindre à se mouvoir dans la Grande-Anse : ils y réussirent.

Le général Gérin, commandant en chef du département du Sud, ne négligeait pas, certainement, les moyens d’éteindre l’insurrection ; mais, dans son opposition au chef de l’État, dont il était plus envieux depuis que le sénat l’avait revêtu de si grands pouvoirs, il contrariait incessamment la politique suivie par Pétion pour y parvenir : son caractère absolu s’y prêtait peu d’ailleurs. Le président se voyait, souvent oblige de donner des ordres directs aux officiers supérieurs du Sud, pour s’assurer de l’exécution de ses vues, de désapprouver ceux donnés par le commandant du département. Un tel conflit entre ces deux autorités ne pouvait que nuire à la chose publique. Gérin était encore mécontent de toutes les mesures administratives et financières que le sénat avait promulguées dans diverses lois, parce qu’il avait des idées arrêtées à cet égard : nous en avons parle déjà. Il était donc un frondeur, et des actes du président et de ceux du sénat, et les fonctionnaires et officiers du Sud se trouvaient souvent contraints de ne pas obéir à ses ordres ou de les éluder.

Dans ces circonstances, on reçut au Port-au-Prince l’écrit satirique publié au Cap par Juste Chanlatte, sous le titre de : Réflexions sur le prétendu Sénat du Port-au-Prince. Après y avoir discuté la formation de l’assemblée constituante, en se basant sur la protestation des députés du Nord et de l’Artibonite, il conclut à l’illégalité de la constitution et du sénat, qu’il appelait le Sénat conservateur du Port-aux-Crimes, ou plutôt le Sénat de Pétion.