de choses avait porté Goman à organiser ses adhérens en deux classes ; la première faisait la guerre, la seconde cultivait la terre pour avoir des denrées destinées à ces échanges clandestins et à nourrir ses guerriers. On ne peut se faire une idée de la subordination qu’il avait établie à cet égard ; au fait, il avait créé un petit État dans ces hautes montagnes, dont il était le souverain absolu : de là la facilité qu’il eut de résister durant treize années consécutives, sinon avec beaucoup d’avantages, du moins assez pour ne pas faire sa soumission. On verra plus tard, qu’il fallut toute l’habileté politique de Pétion pour ruiner son pouvoir et son ascendant, le réduire à se réfugier dans les lieux d’un difficile accès, et préparer par là le beau succès de la pacification de ces arrondissemens, obtenu par son successeur.
En attendant, on tâchait d’arriver à ce résultat par la guerre qu’on faisait aux insurgés. À Jérémie, le général Francisque, commandant l’arrondissement de la Grande-Anse ; le colonel Borgella, chef de la 15e demi-brigade ; le colonel Bergerac Trichet, chef de la 18e ; à Tiburon, le colonel Gilles Bénech, chef de la 19e, et son chef de bataillon Nicolas Régnier, tous deux anciens compagnons de Goman dans les bois : tous ces officiers et d’autres encore, commandans de places dans les villes et bourgs, employaient tous les moyens possibles pour circonscrire l’insurrection dans les montagnes.[1] Mais on conçoit que la nature même du terrain favorisait sa résistance.
Dans les arrondissemens des Cayes, d’Aquin et de Nippes, les généraux Wagnac et Vaval, et le colonel
- ↑ Après la conspiration de Yayou, le président tira de la 24e le chef de bataillon Bigot qu’il promut au grade de colonel pour aller commander la place de Jérémie.