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reprenant ce projet en sous-œuvre, en même temps qu’un espion du Nord lui fut envoyé, Yayou succomba par défaut de lumières surtout ; car pouvait-il, devait-il espérer que l’assassin de Sans-Souci, son ancien chef, lui pardonnerait jamais la défense glorieuse du Port-au-Prince ? D’un autre côté, en voyant l’opposition de Gérin contre Pétion, en entendant les autres détracteurs qui se permettaient tant de propos contre le président et le sénat (ce qui est constaté dans l’adresse de ce corps, du 1er juillet), Yayou a pu croire que la République n’avait aucune stabilité, aucun avenir, et qu’il valait mieux favoriser le système despotique du Nord, qui était dans ses habitudes personnelles ; car il était absolu et violent dans son commandement.

Quoi qu’il en soit, ses complices Chervain, Sanglaou, Jourdain, J.-Ch. Cadet, Romain, Avril, etc., livrés à la commission militaire, furent condamnés à mort et exécutés au Port-au-Prince. Madame Germain ne fut pas même arrêtée, cette femme ayant paru excusable par sa faiblesse même.

En répondant, le 7 août, à la lettre de Pétion, Lamarre lui disait que la nouvelle de la conspiration de Yayou avait excité une juste indignation dans les rangs de ses troupes ; il lui rappelait qu’avant son départ pour la péninsule du Nord, on avait connaissance de l’existence du club des conspirateurs dont Chervain était un coryphée : « Vous ne l’ignoriez pas vous-même, président, lui dit-il ; mais votre indulgente bonté, qui se plaît toujours à pardonner, ferma les yeux sur leur conduite et sommeilla tranquillement, tandis que les agitateurs travaillaient à votre perte, qui serait celle de la patrie ; vous étiez dans cette sécurité qu’un père de famille, l’amour