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recevait le quart brut des denrées qu’il récollait sur les propriétés rurales, très-souvent au gré des caprices du fermier tout-puissant, le soldat ne recevait point de solde ni habillement : on le rationnait en pain ou vivres du pays, et en salaisons importées par le commerce étranger ; mais cela ne dura pas longtemps.

« Dans les administrations, en général, on mettait sans pudeur en pratique, le pillage, le vol, la fourberie et la contrebande. Chacun s’efforçait de faire fortune, par n’importe quel moyen[1]. »

Malheureux pays où l’on vit presque toujours pareilles choses, depuis les temps les plus reculés de l’établissement colonial ! On se rappelle, sans doute, ce que nous avons dit à ce sujet de la part de l’intègre intendant Barbé de Marbois, et de Toussaint Louverture qui qualifia les auteurs de tels scandales, de maîtres voleurs[2].

Le général Vernet, nommé ministre des finances en janvier, avait déjà donné, le 12 avril, quelques instructions aux agens de cette branche de service. Le 4 mai, se trouvant au Cap avec le gouverneur général, et « considérant l’irrégularité qui existait dans leur comptabilité, et la nécessité d’arrêter le commerce illicite et frauduleux des cafés que faisaient les propriétaires, avides de gain, » disait-il, il fit publier de nouvelles instructions pour régler la comptabilité des administrateurs, afin qu’ils lui envoyassent tous les mois un état général de leurs opérations. Ces instructions furent approuvées par le gouverneur général, pour être exécutées jusqu’à ce

    l’habitation. Le Port-de-Paix continua à avoir le fort des Trois-Pavillons élevé déjà dans ses montagnes.

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 162.
  2. Voyez tome 1er de tel ouvrage, p. 90, et tome 4, p. 390.