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7e et de la 14e. Là, les colonels opinèrent pour marcher sur Saint-Marc ; mais Yayou, qui était le chef supérieur, s’y opposa, sans doute par les instructions de Pétion. Au contraire, il revint avec ces quatre corps à l’Arcahaie, ou à l’habitation Poix-la-générale qui touche à ce bourg[1]. Pétion essaya de gagner Larose au parti républicain ; mais ce farouche brûla, sans la lire, l’adresse du Sénat qu’il lui avait envoyée[2]. Il méconnaissait son intérêt, comme en 1802.

Lisons nous-même ce que dit M. Madiou, à propos de cette campagne. Il a porté la force des 6 demi-brigades de l’Ouest à 6 mille hommes, et celle des 4 demi-brigades du Sud à 2500. Nous ignorons s’il a trouvé des documens officiels pour constater ces chiffres élevés aussi positivement, ou si c’est par la tradition orale toujours suspecte d’exagération en pareil cas.

« Ces dix mille cinq cents hommes (lisez 8500), audacieusement commandés, eussent pu ne s’arrêter qu’aux Gonaïves… Mais, apprenant (au Mont-Roui) que le général Pierre Toussaint, officier d’une audace prodigieuse, le tournait par les montagnes, Francisque rétrograda jusqu’à l’Arcahaie[3]. »

Pierre Toussaint était chargé de la défense de Saint-Marc. Si, en apprenant la présence des républicains au Mont-Roui, à 6 lieues de cette ville, il la quitta pour les tourner par les montagnes, c’est une preuve qu’il y laissait encore assez de troupes pour la défendre, au moyen de ses fortifications. Et comment admettre alors qu’il eût

  1. Note de Borgella. — M. Madiou ne parle que de Francisque, mais Yayou y était.
  2. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 395.
  3. Ibid. p. 394 et 395.