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Mais qu’il nous suffise de dire ici qu’à la paix de 1783, lorsque la Grande-Bretagne reconnut l’indépendance des Etats-Unis, cette République s’obligea à restituer à des sujets britanniques leurs propriétés qui avaient été confisquées durant la guerre[1]. Or, si les Etats-Unis avaient exclu les Anglais du droit de cité et de propriété sur leur sol, comme Haïti a agi à l’égard des colons, il n’y a aucun doute qu’ils auraient indemnisé également ceux dont les propriétés avaient été confisquées.

Nous dirons encore que c’est aussi dans la même année 1825, et non pas à la chute de Napoléon, que la France elle-même s’imposa le sacrifice d’un milliard en faveur des émigrés, alors qu’elle avait toute sa liberté d’action, et probablement par les mêmes considérations morales et politiques qui guidèrent Haïti.

En 1815, quand Napoléon fut renversé une seconde fois, les puissances étrangères exigèrent de cette grande nation 735 millions, comme indemnité des pertes qu’elle leur avait fait subir depuis 1792 ; et en outre, elles lui imposèrent une contribution de guerre de 700 millions.

Voilà l’exacte vérité sur ces faits.


Nous avons jugé l’œuvre de Boisrond Tonnerre au point de vue politique et moral, quant au pays surtout, en présentant pour lui personnellement ce qui peut être considéré comme atténuation de l’exaltation de son esprit, dans le premier moment où il s’agissait de proclamer l’indépendance. S’il s’était borné à cela, nous ne revien-

  1. Art. 5 du traité : — It is agreed, that the Congress shall earnestly recommend to the legislatures of the respective States, to provide for the restitution of all estates, rigths, and properties, which have been confiscated, belonging to real british subjects, etc. — Et il fut fait comme il est dit dans cet article.