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institutions qui avaient été créées, qu’on voulait fonder sur la conviction, avant d’avoir avisé aux moyens de réorganiser le gouvernement ?

Encore une considération. Notre devancier a représenté le Port-au-Prince dans un état « d’anarchie profonde, n’étant défendu que par l’élan des troupes et des citoyens. » Le pouvoir des généraux dirigeant, de Pétion surtout, était donc à peu près nul, même pendant la défense où chacun sent la nécessité d’obéir à une volonté unique pour mieux résister. Ce devait être pire, après le danger. Ensuite, nous venons de voir éclater une insurrection à l’extrémité de la République, dans un département dégarni de troupes qui, seules, sont aptes à en étouffer de semblables. Ces troupes du Sud et tous leurs chefs les plus capables étaient alors au Port-au-Prince. Fallait-il les porter contre l’Artibonite et le Nord pour en entreprendre la conquête, ou bien était-il plus sage de les renvoyer dans le Sud pour s’opposer à l’irruption de l’insurrection ?

Ce sont autant de questions qu’il faut examiner et résoudre, pour bien juger la conduite des hommes appelés, par leur position, à donner une direction aux affaires.

Dans le Sénat, il s’en trouvait de fort capables par leur instruction, pour rédiger des lois ou tous autres actes, pour délibérer sur les décisions à prendre dans l’actualité. Mais on a vu à quelle résolution s’étaient arrêtés ceux-là, après la bataille de Sibert, alors qu’on croyait Pétion mort ou prisonnier. Les sénateurs militaires étaient donc ceux qui devaient influer sur les déterminations convenables dans la situation.

Entre eux, deux généraux dominaient par leur grade, par leur ancienneté, par leurs fonctions militaires, — Pétion