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« Les citoyens du Port-au-Prince furent profondément émus de cette nouvelle. Beaucoup de familles effrayées partirent pour le Sud, soit par terre, soit par mer[1]. Cependant, Pétion demeurait dans l’inaction, ne croyant pas que Christophe fût si près de la capitale… Enfin, l’incrédulité de Pétion fut vaincue par le général Bonnet qui s’était longuement entretenu avec Bazelais, et qui venait d’apprendre par un canot sortant de l’Arcahaie, que Christophe occupait ce bourg. Pétion se résolut enfin à marcher à la rencontre de l’ennemi, ne perdant pas l’espoir de vaincre, quoiqu’il n’eût alors sous ses ordres, que 3 mille hommes, il fit aussitôt battre la générale, releva le courage des citoyens, dépêcha de nouveau des courriers auprès des généraux du Sud, les invitant à atteindre, le plus tôt possible, le Port-au-Prince, à la tête des troupes sous leurs ordres. »

Mais à la page 372, il avait été déjà dit : « Mais comme Pétion appréhendait un coup d’Etat de la part de Christophe, il avait envoyé dans le Sud (avant le 28 décembre) Théodat Trichet et Daumec, avec mission d’avertir Gérin qu’il eût à se tenir prêt à monter au Port-au-Prince à la tête de ses troupes. »

S’il avait appréhendé un tel acte de la part de Christophe, avant le 28, Bazelais venant lui apprendre sa marche avec des troupes, c’était bien là le cas de reconnaître que le coup d’Etat allait s’exécuter ; et alors, il n’aurait pas pu être si incrédule sur une chose qu’il aurait prévue. Bonnet a pu lui confirmer le rapport de Bazelais, par celui des hommes venus dans le canot ; mais Pétion

  1. C’est une erreur : cette débâcle n’eut lieu que le 1er janvier 1807, pendant la bataille de Sibert.