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tenir l’ordre et l’exécution des lois. Que tous les maux qu’ils ont préparés retombent sur leurs têtes coupables ! Votre général ne veut pas transiger avec les ennemis de la liberté ; il ne veut point tergiverser avec eux.

« Il attend de vous, militaires de tous grades, de remplir votre devoir comme vous l’avez toujours fait ; il compte sur tous les chefs et officiers des corps, et sur leur attention au service. Les factieux ont levé l’étendard de la révolte, il est juste qu’ils payent de leur fortune, leurs complots funestes. Le pillage de tous les lieux où les rebelles seront trouvés, vous est abandonné sans restriction. Marchez, et la victoire va couronner la justice de notre cause. »

Cette proclamation, qu’on n’aurait qu’à tourner contre Christophe lui-même, pour peindre d’avance le tableau de son gouvernement, n’était pas faite pour être portée à la connaissance de Pétion et de ses collaborateurs à l’assemblée constituante ; aussi ne la surent-ils qu’après les événemens accomplis par la marche de l’armée du Nord et de l’Artibonite. S’il y avait réellement des émissaires, des agents secrets de l’Ouest et du Sud, répandus dans les lieux soumis immédiatement à Christophe, un seul d’entre eux au moins eût pu s’empresser d’apporter cet acte au Port-au-Prince : de tels agents sont ordinairement des hommes dévoués, et il fallait vraiment un dévouement à toute épreuve de leur part, pour qu’ils s’exposassent à aller semer la discorde et l’insubordination. La proclamation même du 18 décembre ne parvint à Pétion, que parce que Christophe la lui adressa, ainsi qu’aux députés du Nord[1].

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 360.