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permis de douter que les agents secrets de quelques ambitieux n’aient été envoyés pour soulever les troupes contre l’autorité légitime, et les porter à refuser la solde régulière que j’ai établie d’après l’état de nos ressources. Quel moment ont-ils choisi pour l’exécution de leurs indignes projets ? Celui où l’assemblée d’Haïti que j’ai convoquée doit commencer le travail de la constitution. Il est aisé de s’apercevoir quel est le but de ces ennemis de notre pays ; tandis qu’ils retardent, d’un côté, l’arrivée des députés du Sud, pour avoir le temps d’intriguer et de se préparer le terrain, leurs émissaires se répandent parmi les troupes des brigades de la 1re division de l’Ouest, pour les engager à la désertion. C’est ainsi que l’on a persuadé aux musiciens de la 4e demi-brigade de quitter leurs drapeaux, et qu’on a souffert que le 3e bataillon de la 20e demi-brigade ait abandonné sa garnison du Mirebalais, malgré les ordres formels de ses officiers. On s’est servi de quelques autres déserteurs, partis précédemment, qu’on a renvoyés de leurs corps, pour tâcher de gagner leurs camarades, et souffler parmi eux l’insurrection et la révolte, etc. »

M. Madiou dit aussi : « Pendant que Dartiguenave se trouvait dans l’impossibilité de remplir la mission que le chef du gouvernement lui avait confiée, par l’opposition qu’il rencontrait en Pétion, les émissaires de l’Ouest et du Sud, répandus dans le Nord, y semaient toujours la discorde et l’insubordination. Le caractère a de Christophe s’aigrissait de plus en plus, sa défiance était au comble, à l’égard des révolutionnaires du Sud et de l’Ouest… Le Sud était devenu pour lui un chaos dans lequel ses idées ne pouvaient plus pénétrer…[1] »

  1. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 359. — Fort heureusement pour le Sud ! car ses idées