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pour ne pas établir une contre-mine au profit du peuple souverain.

C’est alors qu’il fit commencer la rédaetion de la constitution de 1806, dont les bases étaient arrêtées dans son esprit comme dans celui de ses collaborateurs intimes. Mais cela ne suffisait pas : il restait toujours une majorité parmi les députés, obligée, contrainte de voter la constitution de Christophe, sous peine d’assassinat. Pour l’emporter dans l’assemblée, il fallut recourir à un surcroît de députés pour l’Ouest et le Sud. Pétion dépêcha immédiatement Lys et David-Troy auprès de Gérin et de Férou, afin de leur communiquer l’information qu’il avait reçue, et de leur prouver l’impérieuse nécessité d’en faire élire par les moindres bourgades du Sud, où il y en avait tant, non classées comme paroisses[1]. L’Ouest en fournit quelques-uns aussi, provenant de l’arrondissement de Jacmel. Voilà comment et pourquoi il y eut majorité du côté de l’Ouest et du Sud, il y eut retard dans les travaux de l’assemblée constituante.

On dira, sans doute, que Pétion manquait de sincérité en agissant ainsi ; qu’il violait lui-même la légalité, la convention à laquelle il souscrivit, et qu’il paraît même avoir proposée, de nommer un seul député par paroisse.

Nous répondons à cela, qu’il ne pouvait être un niais politique ; que Christophe lui ayant d’abord fait connaître son intention d’avoir une autorité exorbitante, ayant ensuite rusé pour se la faire donner avec l’apparence de la légalité, et employé son pouvoir provisoire

  1. On ne nomma pas deux députés par paroisse, comme l’a dit M. Madiou ; mais un dans chacune de ces bourgades qui n’étaient point reconnues comme paroisses. Il eût été par trop absurde de venir présenter deux élections par paroisse, lorsque chacune devait fournir un seul député.