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core, comme il paraît convaincu de la Souveraineté et de la Majesté du peuple, de la légitimité de ses droits, de l’obligation où sont les chefs d’y rendre hommage ! Quelle menace faite à l’ambition de Christophe, dans ces mots : « Malheur à ces derniers !… S’il n’a pas craint d’abattre la tête de Dessalines, pourra-t-il trembler devant des intrigans et des ambitieux subalternes ? »

Après ces deux lettres, de Christophe et de Pétion, on voit poindre à l’horizon le nuage lugubre d’où sortira le fléau d’une nouvelle guerre civile entre les infortunés enfans d’Haïti, et qui commença huit jours après la lettre de Pétion. Au 24 décembre où il l’écrivit, la tempête s’amoncelait déjà ; car Pétion y parle d’une proclamation qu’il appelait la dernière, tandis que le même jour, une autre, bien plus virulente, émanait de Christophe.

Dans le chapitre suivant, nous allons dire les motifs de ces deux proclamations, parler enfin de la formation de l’assemblée constituante, et revenir sur quelques faits qui ont besoin d’être expliqués.