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dit qu’il avait fait arrêter Lamarre. Aussitôt, Quique se disposa à marcher sur Léogane à la tête de la 24e demi-brigade pour le délivrer. Il revint sur sa détermination, en apprenant le contraire ; mais il avait manifesté contre son chef une disposition militaire hostile.

Yayou devait nécessairement se plaindre à Pétion de la conduite tenue par Lamarre, en lui dénonçant ce colonel, Quique, Dieudonné et tous autres ; car il fallait qu’il fût respecté par ses subordonnés. Marion lui fit savoir aussi le danger de cette situation tendue.

Pétion donna l’ordre d’arrestation de Lamarre qui fut livré au jugement d’un conseil spécial ; et il fut condamné à deux ans de prison, conformément au code pénal militaire : il perdit ainsi le commandement de la 24e demibrigade.[1]

Après cet acte de justice rendu à Yayou, Pétion se rendit à Léogane, emmenant Dieudonné avec lui afin de vérifier les faits sur les lieux. Là, il se convainquit que ce dernier était l’auteur de ces agitations, et le fit mettre en prison ; il ordonna d’arrêter Quique, pour les faire juger ensemble. Mécontent de cette décision, et dominé par l’orgueil ou par la crainte d’être condamné, Dieudonné se fit sauter la cervelle dans la prison.[2]

Après avoir rétabli l’ordre et renforcé ainsi l’autorité de Yayou, Pétion quitta Léogane et amena Marion avec

  1. M. Madiou dit que Lamarre fut condamné à 4 ans de prison et à être dégradé : aucun article du code pénal n’était applicable à une telle peine. Ce fut Caneaux qui défendit Lamarre au conseil ; mais les faits parlaient contre la défense. Caneaux, on le sait, était un intime ami de Pétion.
  2. Je relate ces événemens comme je les ai entendu raconter. Il est certain que Dieudonné commandait la place du Port-au-Prince ; voyez son titre dans la Résistance à l’Oppression. Il ne pouvait donc pas se trouver à Léogane, sans y être mené par Pétion.