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officiers secondaires ? Si les chefs des Cayes proclamèrent aussitôt Christophe, chef du gouvernement, c’est une preuve démonstrative qu’ils étaient complices de Geffrard, qu’ils restèrent fidèles à sa pensée, à son accord avec le général en chef. Comment donc celui-ci, sur le rapport de ses espions, pouvait-il « comprendre qu’on ne s’était servi de son nom que pour donner de la consistance à l’insurrection ? »

M. Madiou affirme encore (p. 317), qu’il était informé d’avance, dans les premiers jours d’octobre, qu’une insurrection allait éclater contre Dessalines, dans l’arrondissement des Cayes. Si cet avis lui a été donné, il n’a pu le recevoir que des officiers qui ont dirigé cette insurrection et qui l’ont proclamé. Ils étaient donc conséquens avec eux-mêmes, avec le but de cette entreprise ; ils ne se servaient donc pas du nom de Christophe par hypocrisie !

Et quel pouvait être encore le projet à déjouer, de la part de ces officiers, de Gérin et de Pétion, lorsqu’eux tous avaient fait ce que désirait, ce qu’avait provoqué le général en chef, dès 1805 ? — Était-ce le projet de donner au pays une nouvelle constitution plus conforme aux droits du peuple ? Mais il avait adhéré à ce plan indispensable ! — Était-ce le projet de l’assassiner ? Mais Pétion et Gérin ne s’occupaient que des moyens de rétablir l’ordre dans l’Ouest et le Sud ; ils avaient obéi à ses ordres, en renvoyant les troupes à leurs cantonnemens respectifs ! — Serait-ce le meurtre de Mentor et de Boisrond Tonnerre, qu’il apprit par ses émissaires, qui lui aurait fait craindre pour sa propre vie ? Mais il venait de témoigner à Bonnet, combien il aurait été satisfait de la mort de Mentor !

Cependant, revenu au Cap, Christophe réunit dans son