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d’accuser les autorités du Port-au-Prince d’avoir répandu le trouble dans le Nord et l’Artibonite, ni Pétion et Gérin d’avoir toléré la licence.

En retraçant une autre époque (en 1799), nous avons fait ressortir aussi l’injustice des accusations de Roume contre Rigaud, à propos de désertions semblables, de l’Ouest, — comprenant l’Artibonite, — pour passer dans le Sud[1]. Aujourd’hui, c’est Pétion que nous sommes forcés de défendre contre la tradition orale ; car les autorités du Port-au-Prince ne pouvaient rien faire sans son agrément. Au reste, il s’est défendu lui-même de ces accusations injustes, et nous citerons bientôt une lettre de lui à ce sujet. C’est aussi du manque de sincérité à l’égard de Christophe, que nous croyons devoir le défendre : cette imputation a été déjà repoussée, à l’occasion de la mission de Bonnet ; la voici reproduite :

« Les émissaires (agents secrets !) que Christophe avait envoyés au Port-au-Prince, aussitôt après la nouvelle de la chute de Dessalines, revinrent dans le Nord. Ils annoncèrent au général en chef… combien les généraux du Sud et de l’Ouest étaient peu sincères à son égard[2]. »

Si le rapport de tels espions peut être admis comme preuve, nous l’admettons volontiers.

« Quoiqu’il y eût beaucoup de mécontens dans le Nord et l’Artibonite, les habitans de ces deux provinces demeurèrent prêts à obéir à Christophe. La seconde division de l’Ouest et le Sud, bien que Christophe eût été proclamé chef provisoire du gouvernement, ne reconnaissaient que l’autorité de Pétion et de Gérin qu’i

  1. Voyez pages 39 et 40 du tome 4 de cet ouvrage.
  2. Hist. d’Haïti, t. 3, p. 347.