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fait à ce peuple, la population des Gonaïves, hommes et femmes, représentant la jeune nation haïtienne et la race noire tout entière, prononça aussi ce serment qui la liait à sa postérité la plus reculée, qui lui donnait désormais une patrie distincte.

Comme ils durent être glorieux, ces guerriers qui, en ce moment solennel, s’engageaient de nouveau, en face du ciel qui avait béni leurs armes, de combattre jusqu’à extinction pour maintenir l’indépendance de leur pays, qu’ils avaient conquise au prix de leur sang !

À nous, qui nous en glorifions aujourd’hui, d’admirer le dévouement de nos pères, se posant sans crainte devant la puissance colossale de la France, après lui avoir ravi sa plus belle colonie !

Et cette France aux aspirations héroïques, qui fut si généreuse dans son immortelle révolution, n’aurait pas reconnu l’existence politique indépendante d’un tel peuple, poussé à cette résolution par l’influence de ses principes et de ses idées ! Ignorait-elle que ce fut par la même influence, qu’il avait pu chasser du sol de son pays les légions britanniques que les colons français y avaient appelées ? Après avoir ainsi maintenu sa liberté, au nom de la France même, qui l’avait proclamée pour rendre hommage à la dignité humaine, ce peuple n’avait-il pas le droit de la maintenir aussi contre sa propre métropole ?

L’acte qui suit fut ensuite lu par Boisrond Tonnerre, pour constater la déclaration de l’indépendance d’Haïti :

Aujourd’hui, premier janvier mil huit cent quatre ;

Le général en chef de l’armée indigène, accompagné des généraux chefs de l’armée, convoqués à l’effet de prendre les mesures qui doivent tendre au bonheur du pays ;