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au-Prince, ville importante par sa situation, fut occupée sans retard par l’armée insurrectionnelle.

Dessalines, le valeureux Empereur d’Haïti, qui ignorait toutes ces défections successives, — parce que les chefs qui deviennent tyrans n’ont plus d’amis, — partit de sa capitale, vint se jeter au milieu de ceux que ses torts avaient rendus ses ennemis : il reçut la mort, sous les coups de ces vaillans soldats qu’il avait trop négligés. Des individus qui l’avaient trop soutenu dans ses actes despotiques, qui lui avaient incessamment conseillé le mal, périrent avec lui dans ces momens de violente exaltation.

Les révolutionnaires s’empressèrent de proclamer H. Christophe, chef provisoire du gouvernement, à la condition de travailler à une constitution et à des lois qui assureraient au peuple, la jouissance de tous ses droits.

H. Christophe adhéra à la révolution, en acceptant la haute position où il fut placé.


Ainsi se termina la carrière du fondateur de l’indépendance d’Haïti. C’est qu’après avoir accompli cette mission glorieuse, il méconnut trop ses nouveaux devoirs envers son pays. La nature l’avait créé pour conquérir, et non pour gouverner. Trois années n’étaient pas encore écoulées, que déjà, lui et sept autres signataires de l’acte qui donna l’existence politique à un jeune peuple, avaient disparu de ce sol qu’ils fécondèrent de leur sang. Et que de sang haïtien y fut encore versé, par suite de la fin regrettable de Jean-Jacques Dessalines !

C’est le propre des révolutions, d’engendrer des guerres civiles entre ceux qui les conduisent. Nous verrons ce triste résultat dans l’epoque suivante.