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cause par la suite de violences déplorables envers de légitimes propriétaires, qui se virent dépossédés des biens dont ils avaient joui sous tous les gouvernemens antérieurs. Le germe d’une terrible catastrophe se trouva, non dans cette mesure même, mais dans l’abus que fit le chef du gouvernement, dans son pouvoir d’examen et de vérification du droit qui forme essentiellement la base de l’ordre social.

Les relations du commerce rétablies entre le nouvel État et les puissances étrangères, dont les navires fréquentaient les ports, amenèrent de la part de la Grande-Bretagne et des États-Unis une quasi-reconnaissance de son indépendance, par l’envoi d’agents auprès du gouverneur général, dans le but d’assurer ces relations sur un pied convenable. Ces deux puissances n’avaient d’ailleurs qu’à admettre le fait réel, et n’étaient point fondées à discuter le droit du peuple haïtien à être indépendant. Ils’ensuivit des rapports avantageux au pays comme aux étrangers ; mais ceux-ci ayant dérogé à quelques lois de police auxquelles ils étaient assujétis, et commis des fraudes, par la facilité qu’ils trouvèrent dans la corruption de bien des fonctionnaires préposés pour la perception des droits fiscaux, il en résulta des mesures acerbes, inintelligentes, de la part du gouvernement envers le commerce, des injustices, et enfin un crime monstrueux sur la personne de l’un des étrangers.

Le général français, qui commandait dans l’Est d’Haïti, ayant fait occuper divers points pour établir des frontières entre cette partie et le reste de l’île, le gouverneur général proclama un acte impolitique dans lequel il menaçait les habitans de toute sa fureur. L’effet de cet acte fut de les attacher forcément à l’administration qui les pro-