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Bazile fut ainsi paralysé. Le courageux Férou se porta sur la place d’armes, où il fit arrêter ce colonel et les autres officiers qu’on consigna au bureau de l’arrondissement ; puis, sous prétexte de les conduire aux Cayes, on les exécuta en différens lieux.

Nous devons déplorer encore ces crimes révolutionnaires qui furent commis plusieurs jours après la mort de Dessalines : en retenant ces hommes en prison quelque temps, ils eussent pu se soumettre franchement au nouvel ordre de choses. Mais les révolutions, en général, ne savent pas apprécier le dévouement aux gouvernemens qu’elles renversent ; elles redoutent toujours une réaction dans l’opinion, et alors, les hommes de quelque valeur personnelle leur paraissent presque toujours des victimes qu’elles doivent sacrifier.


Le chef provisoire du gouvernement avait fait porter au Port-au-Prince, par son aide de camp Saint-George et par Bertrand Lemoine, peseur de la douane du Cap, l’acte d’adhésion des autorités de cette ville, représentant tout le Nord, et ses réponses à Gérin et à Pétion, en date du 23 octobre.

Le 26, il expédia auprès d’eux l’adjudant-général Blanchet jeune, qui se trouvait alors au Cap, porteur de nouvelles dépêches, par lesquelles il les invitait à faire retourner à leurs garnisons respectives les troupes réunies au Port-au-Prince, pour maintenir l’ordre, afin de faciliter la formation de l’assemblée des notables qui devait travailler à la nouvelle constitution, se réservant encore de désigner le lieu de sa réunion. Il leur recommanda d’envoyer auprès de lui les officiers de l’état-major de Dessalines. Ceux de l’Artibonite et du Nord s’empressèrent